Comme la plupart des États d'Afrique subsaharienne, le Gabon est un pays multilingue. On compte près d'une cinquantaine de langues au Gabon, mais seul le fang, parlé par 32 % de la population constitue une langue importante, avec le mbédé (14 %) et le punu (12 %). Les autres langues gabonaises ne sont parlées que par de toutes petites communautés, parfois tout juste 5000 locuteurs, souvent moins. La plupart des langues gabonaises appartiennent à la famille bantoue. Chacun des groupes d’origine bantoue (Fang, Bakota, Mbédé, Okandé, Myéné, Mérié) compte plusieurs variétés dialectales de sorte que les Gabonais parlent souvent entre eux le français comme langue véhiculaire. Seul le baka, parlé par les Pygmées, est une langue non bantoue (langue nigéro-congolaise).
Le Gabon, zone démographique peu dense, regroupe ainsi de nombreuses langues diverses qui sont réparties en trois espaces linguistiques : Fang, Tio et Kongo. Ce dernier ne s'étend qu'au Congo voisin. Les principales langues de ces espaces sont le fang, le punu, le nzébi et le mpongwè.
Le myéné, dont le mpongwè est un dialecte, est parlé dans la province de l'Ogooué-maritime et des régions adjacentes ainsi qu'à certains points de la côte nord. Le fang est parlé sur un très grand tiers du territoire au grand nord, au nord-ouest de l'Ivindo et dans le bassin du moyen Ogooué jusqu'au mont Iboundji, ligne de partage des eaux entre nord et sud. Le sud du pays parle punu et ses langues sœurs, eshira, isangou, guivarama et loumbou principalement. Le téké est parlé sur les pentes frontalières à l'est du haut Ogooué jusqu'à Franceville. À l'ouest de cette zone, dans le bassin du haut-Ogooué, est répandu le nzébi et plus au nord, jusqu'à la rive sud de l'Ivindo, l'ikota. Mis à part le tsogo, dans le centre du pays, les autres langues ont une diffusion limitée.
Si l'on résume la situation, on peut dire que, parmi les 50 langues nationales, le français est la seule langue officielle et sert souvent de langue véhiculaire. Dans la capitale (Libreville), le français est devenu l'unique langue véhiculaire en raison de l'apport des immigrants provenant de toute l'Afrique. De plus, le français est également devenu la langue maternelle de plus de 30 % des Librevillois et il est de plus en plus perçu comme une langue gabonaise. Le nombre de jeunes ayant pour langue maternelle le français progresse dans les capitales provinciales et départementales, alors que dans les villages, le français garde encore le statut de langue véhiculaire. Toutefois, dans l'ensemble, les langues traditionnelles gabonaises restent davantage parlées que le français.
À l'exception du baka, langue nigéro-congolaise parlée par les pygmées, les langues gabonaises d'origines africaines sont des langues bantoues ; elles ont été introduites dans la région il y a environ 2000 ans avec les migrations correspondantes. On distingue quarante à cinquante langues. Elles sont généralement utilisées à l'oral sans être écrites. Alors que les missionnaires venus de France et des États-Unis ont élaboré des transcriptions à partir de l'alphabet latin pour bon nombre de ces langues à compter des années 1840 et ont traduit la bible dans bon nombre d'entre elles, la politique coloniale française officielle a été de décourager l'emploi de ces langues au profit de l'apprentissage du français. Les langues africaines continuent d'être transmises au sein de la famille et du clan.
Le gouvernement gabonais encourage depuis les années 1970 la recherche sur les langues bantoues du pays. Vers la frontière avec la Guinée équatoriale, dans quelques villages, on parle espagnol, surtout parmi les personnes âgées. La langue est cependant très minoritaire, étant parlée tout au plus par 1000 à 5000 personnes, lesquelles parlent généralement une langue du groupe Fang ou le français. L'Espagne était présente dans cette région avant 1900. Lors du traité de Paris de 1900, l'Espagne céda à la France la majeure partie des 180 000 km2 qu'elle revendiquait au traité de Berlin, en 1885, dont une grande partie du futur Gabon, et ne conserva que 28 000 km2 qui constituent aujourd'hui la Guinée équatoriale.
Les langues gabonaises sont écrites à l’aide de l’alphabet latin. Il y a cependant plusieurs conventions :
L’alphabet des idiomes gabonais, proposé par l’abbé Raponda Walker en 1932 ;
L’alphabet scientifique des langues du Gabon (ASG), proposé pendant un séminaire organisé par le Laboratoire de l’université de la tradition orale en 1989 ;
L’orthographe des langues du Gabon (OLG), proposé après une réunion organisée par l’École normale supérieure de Libreville en 1999 ;
Rapidolangue, proposé et utilisé par la fondation Raponda Walker ;
L’orthographe française est aussi utilisée.
Le Gabon a une seule langue officielle, c'est le français. Langue de l'enseignement, de la justice et de l'administration, le français joue un rôle d'unification pour le pays. 80 % de la population du pays est capable de s'exprimer en français. Il s'agit de la plus forte proportion de tous les pays du continent africain. Selon l'Organisation internationale de la francophonie, en 2010, 99 % des habitants de la capitale Libreville savent lire, écrire et parler français et un tiers l'ont comme langue maternelle.
C'est depuis l'indépendance que le français s'est vraiment répandu parmi la population gabonaise. D'une part, comme mentionné plus haut, c'est la seule langue officielle du pays, la langue de l'école et de l'administration. D'autre part, son usage permet de résoudre un problème réel dans un pays où l'on parle plusieurs dizaines de langues : celui de la communication entre les hommes. C'est parce qu'il permettait aux Gabonais de parler entre eux sans avoir à choisir une langue locale au détriment des autres que le français a été adopté.
Cela ne va pas sans poser de problème culturel. En effet, en trois générations, les choses ont bien changé. La première génération parlait parfaitement sa langue locale natale et maniait tant bien que mal le français. La deuxième génération se débrouillait bien dans les deux langues. Arrive aujourd'hui une troisième génération qui maîtrise mieux le français que sa langue maternelle. C'est pour limiter ce problème que certains parents exigent de leurs enfants qu'ils parlent leur langue africaine à la maison et n'utilisent le français qu'à l'école. Le phénomène de recul des langues traditionnelles est plus marqué à Libreville qu'en province parce que, dans cette grande ville, toutes les ethnies du Gabon se retrouvent avec d'ailleurs des immigrés d'Afrique francophone notamment. Tout naturellement se forment des familles mixtes d'un point de vue ethnique pour lesquelles il semble plus simple d'utiliser le français avec les enfants.
Le français du Gabon est une langue vivante qui répond aux besoins des Gabonais, il contient donc une foule d'expressions locales, issues de la déformation d'expressions françaises ou bien traduites à partir de telle ou telle langue gabonaise et correspondant à une réalité locale. Cela contribue à donner au français parlé au Gabon un caractère propre comme il peut en avoir dans d'autres pays francophones.
Quelques expressions françaises typiques du Gabon :
Expression | Signification |
---|---|
Aller à moutouki | Aller acheter des vêtements à la friperie |
Avoir la bouche | Avoir la langue bien pendue, beaucoup critiquer |
Avoir la mine attachée | Etre de mauvaise humeur |
Avoir la taille | Etre svelte |
Faire la taille | Suivre un régime amaigrissant |
Manger quelqu'un en vampire | Faire du tort à quelqu'un par sorcellerie, en détruisant sa force vitale |
Cabiner | Faire ses besoins |
Se mirer | Se regarder dans un miroir |
Etre pointu | Etre à l'affût de toutes nouvelles |
Donne combien | Combien ça coûte ? |
Tu as eu | C'est bien fait pour toi |
Une tué tué | Prostituée |
Un malien | Un épicier |
Depuis kala kala | Depuis très longtemps |
Les matitis ou mapanes | Les broussailles |
Le covo | La boule à zéro |
Le congossa | Le fait de rependre des commérages (cogonsiste) |
Style DVD | Habillement laissant dos et ventre dénudés (habillement des tués tués allumeuses) |
Manger la neige | Grassailler ou gorger |
Hummm | Tu blague, essayons voir |
Son mounna | Son enfant |
Sa petite, sa copine, son amourette, sa bindelle, sa go | Sa petite amie |
Son fournisseur, son pétrolier, son copain, son gars, son big love, son pigeon | Son petit ami |
Son deuxième bureau, sa Tchizambengué | Sa maitresse |
Exclamations répandues chez les Fang, Punus, Nzebi et Puvi :
Exclamation | Signification |
---|---|
Akié ! | Marque l'étonnement |
Atare-Zâme ! | Mon Dieu ! |
Mamo ! | marque l'étonnement |
tchouô ! | marque l'étonnement |
Nyambie Fumu ! | Mon Dieu ! |
hum hum hum | Non |
kala kala | jadis |
ho, oh | oui |
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Les langues bantoues sont parfois rattachées à la famille nigéro-congolaise (groupe bénoué-congolais), une famille négro-africaine. Certains linguistes en font toutefois une famille indépendante en raison du grand nombre de ces langues, soit de 400 à 500, et de leur vaste étendue géographique, c'est-à-dire près de la moitié du continent africain. Précisons aussi que les filiations de ces langues ne sont pas encore très bien établies.
En fait, les langues bantoues sont parlées au Cameroun, au Nigeria, au Gabon, en Guinée équatoriale, au Congo-Kinshasa, au Congo-Brazzaville, au Rwanda, au Burundi, en Ouganda, au Kenya, en Tanzanie, en Angola, en Zambie, au Malawi, au Mozambique, au Zimbabwe, en Namibie, au Botswana et en Afrique du Sud.
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